Les poissons, dont le « poisson rouge », sont des NAC(1) à la physiologie très particulière dont la santé dépend directement de leur environnement.
Autrefois, il a massivement été offert dans les kermesses et les fêtes foraines sans aucun conseil adapté pour son entretien. Les poissons rouges ont donc beaucoup souffert de ce manque d’information et du cliché du poisson dans son bocal.
Heureusement, depuis quelques années les choses changent et aujourd’hui le bocal rond n’est plus commercialisé en France. Cet article vise à passer en revue les conseils environnementaux permettant de maintenir votre poisson en bonne santé.
Le « poisson rouge » est un poisson d’eau douce appartenant à la famille des Cyprinidés. Il s’agit officiellement d’un animal domestique issu d’un élevage sélectif d’une forme sauvage de l’espèce (le cyprin doré) réalisé en Chine à l’époque des premières dynasties. C’est un poisson d’eau froide ce qui signifie qu’il peut vivre en aquarium à la maison, à l’écart des sources de chaleur, ou dans un bassin extérieur. Il s’agit d’un animal grégaire qui vit en banc, il est donc conseillé d’en adopter au moins deux ou trois.
Un aquarium avec un litrage important est requis (entre 50 et 100 L par poisson à l’adoption selon la variété) sachant qu’il faudra probablement augmenter la taille du bassin à l’âge adulte. La température de l’aquarium doit être maintenue entre 10 et 25°C et le pH de l’eau entre 6.8 et 7.2. Le poisson rouge « pollue » très rapidement son eau, il est donc nécessaire d’avoir un système de filtration efficace (pompe externe avec une capacité de filtration faisant au moins 3 à 4 fois le litrage de l’aquarium par heure). Pour les mêmes raisons, un renouvellement partiel régulier (environ ¼ du litrage une fois par mois) de l’eau de l’aquarium est conseillé. Il s’agit d’un poisson diurne. Un éclairage artificiel avec un spectre adapté aux aquariums est préférable à un éclairage naturel car l’intensité et la photopériode peuvent être contrôlés. L’éclairage favorise notamment la croissance correcte des plantes dans l‘aquarium sans favoriser le développement des algues indésirables. Une photopériode de 10 à 12h maximum est conseillée. En milieu sauvage, ce poisson vit dans des eaux calmes à faible courant, il n’est donc pas nécessaire d’équiper l’aquarium avec un système mettant l’eau du bassin trop en mouvement afin d’éviter de créer un stress environnemental chronique.
Dans la nature, le poisson rouge recherche sa nourriture en remuant le substrat. La mise en place d’un substrat adapté au fond de l’aquarium est donc conseillée pour reproduire au maximum le milieu naturel. Par ailleurs, cela permet également de planter des végétaux aquatiques naturels dans l’aquarium, qui sont à la fois une source de cachettes et de nourriture, permettent de fixer le substrat et participent à l’assainissement de l’eau. Il est aussi possible d’agrémenter le fond de l’aquarium de décors naturels ou artificiels fournissant des cachettes supplémentaires.
Le poisson rouge est omnivore. En captivité, une nourriture complète et adaptée à l’espèce est possible sous forme de granulés. L’alimentation flottante sous forme de flocons ou paillettes est à proscrire. De plus le poisson peut se nourrir des végétaux présents dans le bassin, ils sont notamment friands de l’élodée, des lentilles d’eau, des anubies et de fougères aquatiques (fougère de Java ou de Sumatra).
Des petits crustacés vivants ou congelés peuvent également être distribués de temps en temps. Il est conseillé de respecter 2 à 3 jours de jeûne chez les adultes dans la semaine et de rationner l’alimentation industrielle pour éviter la suralimentation et la pollution de l’eau de l’aquarium.
Le poisson rouge a une espérance de vie d’environ 30-35 ans. A l’âge adulte, il mesure une vingtaine de centimètre, si l’espace à sa disposition pour nager lui permet d’atteindre sa taille maximale.
Il existe plusieurs variétés de poissons rouges issus du poisson rouge commun caractérisées par une exagération/hypertrophie d’un caractère morphologique : le Tête de lion , le Voile de Chine, le Bubbleeye ou le Ranchu. Ces caractères peuvent s’avérer être un handicap pour le poisson, ce qui les rend plus sensibles, notamment à certains facteurs environnementaux (température, dureté ou pH de l’eau par exemple).
Tout comme les autres NAC, les poissons peuvent souffrir de maladies parasitaires externes ou internes qui peuvent être décelées en observant des lésions cutanées, des symptômes digestifs, des symptômes respiratoires ou encore des symptômes plus généraux comme de l’abattement, de l’anorexie, une perte de poids… La mise en place d’un traitement nécessite au préalable une consultation chez le vétérinaire pour déterminer le parasite responsable et mettre en place le traitement le plus adapté.
Avant l’introduction d’un nouvel individu dans le bassin/aquarium déjà installé, nous conseillons de respecter une période de quarantaine. Elle permet à la fois de faire une adaptation du nouveau poisson à l’eau de son nouveau milieu de vie mais aussi de surveiller l’apparition d’éventuelles maladies pendant cette durée et de ne pas risquer alors de contaminer l’aquarium et ses éventuels habitants.
Le dysmorphisme sexuel est discret et ne se développe qu’à la maturité sexuelle (vers 2-3 ans) : la femelle s’arrondit et sont anus est plutôt convexe, le mâle développe des petits nodules (boutons de noce) sur les ouïes et les nageoires pelviennes et l’anus est plutôt concave.
Les poissons rouges se reproduisent jusqu’à environ 10 ans tout au long de l’année en aquarium, et plutôt au printemps dans un bassin extérieur. C’est la période de frai.
Non ! L’aquarium a besoin d’être rodé avant d’y mettre les poissons. Le rodage correspond à la période pendant laquelle l’écosystème de l’aquarium va s’équilibrer sans aucune intervention extérieure.
Après avoir nettoyé tous les éléments de l’aquarium puis avoir installé le substrat, le décor, les plantes, le système de filtration et d’éclairage et avoir fait la mise en eau, on laisse tourner le système pendant 4 à 6 semaines. Durant cet intervalle, le cycle de l’azote se met en place : dans les premiers jours de l’ammoniaque se forme et ce dernier va être consommer par une bactérie qui se développe à peu près au même moment dans l’eau : Nitrosomonas. Elle va consommer l’ammoniac et le transformer en nitrite, élément toxique pour les poissons. Le pic est observé à peu près à 4 semaines. Il diminue très rapidement grâce à d’autres bactéries (Nitrospiras et Nitrobacter logées notamment dans le substrat et le filtre) qui consomment les nitrites et les transforment en nitrates. Une fois que le taux de nitrites retombe à 0, les poissons peuvent être installés dans leur aquarium.
(1) L’acronyme NAC regroupe des petits mammifères, des reptiles, des poissons, des oiseaux, etc.
Références :
WILDGOOSE WH. BSAVA Manual of Ornemental fish, 2nd ed. BSAVA, Gloucester. 2001: 304p.
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